LA PESTE MONOTHEISTE

[Athéisme] Extraits du livre de Cyrille Gallion (Editions Libertaires 2007)

LA PESTE MONOTHEISTE

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Les religions – toutes les religions – sont des insultes à l’intelligence. Comment, en effet, peut-on croire à quelque chose qui n’existe pas, dont le fils serait né d’une vierge, qui aurait dit que la terre était plate, qui aurait créé le monde il y a 4000 ans en pétrissant de la terre avec ses petites mains ? Pourquoi, malgré cela, les religions que l’on disait saignées à blanc par les progrès de la science et de la société reprennent-elles du poil de la bête en ce début de XXIe Siècle ? Pourquoi cette résurrection du religieux s’affuble-t-elle du masque hideux et rétrograde du pire obscurantisme qui soit ? Pourquoi les religions monothéistes demeurent-elles tatouées au fer rouge totalitaire ? Dans ce livre, Cyrille Galion répond à toutes ces questions et c’est peu dire que le crétinisme religieux comme la vermine capitaliste auront du mal à s’en relever. Ni dieu ni maître ! Hier. Comme aujourd’hui. Comme demain. Et comme toujours.

la_peste_monotheisteExtrait (p.17): « Si le catholicisme a produit une classe censée diriger moralement les autres, a contrario la religion dans la dimension protestante ou musulmane fait de chaque croyant son propre pasteur. Dans ce cas de figure l’espace de liberté, loin d’être augmenté, en est fortement réduit. Si la croyance peut n’être que collective dans le catholicisme, dans la Réforme, un acquiescement intérieur est nécessaire. Là encore le mouvement anticlérical, comme son nom l’indique, s’est attaché à l’apparence et tout à son élément pour lutter contre un pouvoir de l’Eglise catholique fort, il se trouve désarmé face aux dernières versions du monothéisme. Au sein de l’islam ou du protestantisme, la règle étant omniprésente, la marge de manœuvre pour s’en affranchir est beaucoup plus étroite. Le centralisme est plus facile à berner et à rejeter. Feindre sa foi devant un évèque que l’on voit peu est plus aisé que de mentir à ses enfants, son époux ou, surtout à soi-même. Effectuer la démarche de se rendre à l’église le dimanche suffit, et n’empêche pas de penser autrement. Tandis que lorsque ce sont tous les gestes, toutes les paroles de la vie quotidienne qui sont soumis à l’œil, à l’oreille de toutes et tous, le carcan est beaucoup plus pesant. Seul à penser différemment, l’individu déviant culpabilise, se sent anormal… et encore, quand il peut penser différemment. Le cheminement de pensée vers l’absence de Dieu est bien plus difficile dans cette situation. L’athéisme se développe plus facilement face au cléricalisme de type catholique (France, Espagne, Italie) que dans les pays anglo-saxons ou nordiques. Et bien que ce soit l’Iran qui ait débuté le cycle des révolutions islamistes, il est plus aisé de créer un rejet du chiisme que du sunisme et bien évidemment qu’un rejet intérieur et individuel. »

Extrait (p.42): « Le premier concept à intégrer est le suivant: le christianisme n’existe pas avant le IIe siècle après le début de l’ère…chrétienne ! Auparavant l’Empire romain est en prise avec ce que l’on nomme des sectes juives. Il y a alors des dizaines de versions du judaïsme, religion des Hébreux. Le judaïsme est la religion monothéiste la plus prononcée de l’Empire romain, même si des cultes égyptiens ou perses cachent un fond de monothéisme. La différence, et elle est de taille, est que les juifs des sectes les plus remuantes condamnent toutes les autres religions et poussent à leur éradication. C’est un choc pour l’empire qui ne connaît pas cette intolérance religieuse. Si l’autoritas romaine assume pleinement sa violence politique par la colonisation et par l’élimination physique des opposants à la présence de Rome, elle défend une totale liberté religieuse. Plus les dieux sont nombreux dans l’empire, moins il y en aura contre lui. Les juifs au sens religieux du terme sont assez nombreux dans l’empire, ils auraient été, au plus fort de leur effectif, entre 8 et 10 millions, soit pas loin de 10% de la population. Il y a donc des juifs judaïsés et des juifs convertis. L’attitude des uns à des répercussions sur les autres et inversement, ce qui aurait tendance à les diviser plutôt qu’à les rapprocher. »

Extrait (p.58): « Pour les historiens, la période qui va de 1520 à 1789 connait l’apparition de l’Etat Nation et d’un compromis religieux issu de la Réforme: celui du Cujus regio ejus religio (chaque prince, chaque religion). Cette formule implique la liberté religieuse pour les princes et les rois, mais pas pour la population qui doit adopter la religion de son prince. Après des troubles importants dans toute l’Europe, un statu quo religieux s’installe sur la base de l’amodiation précédemment citée. La France fait figure d’exception en ne clôturant, et encore théoriquement, les guerres de religion qu’en 1598. Au niveau de l’occident chrétien, le pouvoir politique tend à confirmer son émancipation et cherche à dominer et contrôler l’autorité religieuse. Là aussi le royaume de France se distingue en ayant anticipé sur ce phénomène d’autonomie et d’affirmation du politique sur le religieux. Philippe le Bel s’est attaqué aux Templiers (et a également expulsé les juifs) dès le début du XIVe siècle. Ses successeurs favorisent l’installation de la papauté en Avignon. Rien de tel en effet qu’un pape proche du pouvoir royal pour influencer les décisions en matière ecclésiastique. »

Extrait (p.68): « L’Eglise (essentiellement parmi les jeunes prêtres) comprend que son intérêt n’est pas dans une opposition forcenée à la laïcisation. D’abord de vastes contrées à évangéliser sont conquises par les républicains. Dans les colonies, en effet, d’importantes parts de marché spirituelles sont à prendre. Ensuite une évidence pénètre l’esprit du clergé: la séparation de l’Eglise et de l’Etat, c’est aussi tout simplement l’indépendance. La perte financière sera largement compensée par une liberté d’action beaucoup plus grande. Les luttes contre l’école sans Dieu sont sincères de la part de la base catholique, surtout de la part des laïcs, mais le clergé en réalité obtient une plus grande liberté dans des écoles qu’ils contrôlent désormais entièrement. Sont présentes l’école du diable et l’école libre, ou l’école publique et l’école obscurantiste selon que l’on entende le curé ou l’instituteur. »

Extrait (p.81): « La lutte contre la religion, mais aussi celle contre l’Eglise, doivent tenir compte de nouveaux paramètres comme celui de la sécularisation de l’enseignement religieux. L’Eglise catholique est devenue une organisation militante, plus souple, débarassée de ses lourdeurs. Sa branche intégriste étant schismatique, cela l’arrange. L’aile droite est conservée, prête à reprendre du service à grande échelle quand l’ordre moral reviendra, mais en attendant elle n’est pas officiellement dans l’église. Les groupes anti-avortement, s’ils n’ont pas l’appui de l’épiscopat français ont celui du Vatican. La duplicité est de mise! La volonté de Benoit XVI d’afficher sa solidarité avec les intégristes descendant de Mgr Lefèvre pourrait s’analyser de deux manières: soit le Vatican est dirigé par un dogmatique qui n’a cure des conséquences sur l’image de l’Eglise dans les société sécularisées. Soit à l’échelle planétaire, le rapport de force s’est déjà inversé, et c’est nous qui avons une vision parcellaire et faussée de l’impact de l’Eglise dans la société mondiale. La branche intégriste de l’Eglise n’est pas le seul danger qui nous guette, il y a un mouvement de l’Eglise catholique que nous allons découvrir tôt ou tard: le mouvement du renouveau charismatique. Il s’agit d’un puissant mouvement de fond. Lorsqu’il se sentira assez fort, il attaquera la laïcité au nom de cette maudite tolérance. Forteresse assiégée, la laïcité n’aura aucun moyen de résister. »

Extrait (p.86): « Ce que le catholicisme n’osait plus faire, un certain islamisme le fait ouvertement, profitant de la culpabilité colonialiste de la gauche et de l’extrême gauche qui se sentent paralysées de peur d’être accusées de racisme. Des gens subissent une oppression, mais les oppresseurs sont eux-même des opprimés, que faire? La gauche radicale est paralysée, tétanisée! Le musulman serait-il cet eternel prolétaire que cherchent les cadres perdus d’un certain marxisme-léninisme? Exception: quelques groupes politiques libertaires ou des syndiqués de la CNT, déjà habitués à contrer les gluants groupes catholiques anti-avortement et décomplexés de toute critique du cléricalisme, n’hésitent pas à contre-manifester lors des manifestations pro-voile. Tandis que le catholicisme s’active dans les campagnes et se prépare à suivre les islamistes dans la brèche qu’ils auront aidé à ouvrir, l’islam occupe le terrain des villes. Le travail effectué par les islamo-fascistes, se fait sur le terrain délaissé par les communistes. Alphabétisation, secours matériel et moral, tout ce que devraient faire un nouveau mouvement démocratique, ce sont les tenants d’un islam radical qui le font. Mais en accusant le mouvement islamiste, nous montrons notre propre faiblesse, celle d’un mouvement ouvrier ou démocratique en pleine décomposition. »

Extrait (p.99): « En France si la Théologie de la libération n’est pas très connue, il existe néanmoins une gauche chrétienne très active. Des magazines de la mouvance religieuse comme Golias ou encore Témoignage chrétien n’ont rien à envier en radicalité à des hebdos comme l’Huma dimanche. Un quotidien comme La Croix est souvent plus instructif sur les sujets relatifs à l’actualité sociale que le journal Libération. Si Golias apparaît clairement à la gauche extrême du paysage politique français, nous pouvons l’attribuer à deux facteurs. Premièrement Golias tout comme Témoignage chrétien est clairement opposé à l’intégrisme et à l’extrême droite, voire aux gouvernements de gauche et de droite sur la question du traitement de l’immigration. Deuxièmement il se trouve tout simplement que l’extrême gauche n’est plus que l’ombre d’elle-même et se recentre vers la social démocratie. Malgré ses défauts, la Cimade est plus efficace que Lutte Ouvrière pour ce qui concerne l’aide immédiate aux travailleurs étrangers. Des chrétiens de gauche qui sont restés fidèles à leur discours depuis 25 ans apparaissent par défaut affreusement gauchistes. »

Extrait (p.116): « Alors l’anarchisme est il une idéologie qui a développé sa propre mystique au point de devenir une religion sans Dieu? Non bien sur, pas au point où l’a été le stalinisme. Néanmoins les comportements des révolutionnaires qui à la fin du siècle dernier avaient une croyance en un grand soir imminent, peuvent se juger a posteriori comme des comportements millénaristes. Notre position est aisée pour juger à froid, mais reconnaissons que dans les écrits anarchistes tous les problèmes de cette terre étaient censées être résolus par la réalisation de l’idéal libertaire (de surcroît dans une optique positiviste). Mais tandis qu’hier nos aînés prévoyaient l’avenir de manière quasi religieuse, bien des anarchistes du XXIe siècle entretiennent une religiosité tournée vers le passé. L’histoire est un outil indispensable pour un autre futur, certes, mais à trop être cultivée, elle devient une des composantes d’une religiosité diffuse. L’anarchisme se survivra s’il est à même de ne pas s’attacher à son nom, s’il est capable de se distancier de son histoire-culte ou tout du moins de l’adoration de ses ancêtres. C’est l’existence même du passé, rendu spécifique à un courant idéologique, qui est cause de la mise en place d’une sacralité. »

Extrait (p.126): « Il nous est plus simple d’avoir un seul front de lutte que plusieurs; évitons ici et maintenant que le religieux ne devienne un problème au quotidien, si nous ne voulons pas demain être de nouveau soumis à un ordre moral qu’il nous faudra combattre en plus du capitalisme ! L’Histoire n’est pas écrite à l’avance. Le religieux peut être réellement l’atmosphère culturelle de nos prochaines décennies ! Alors organisons nous ! Entre individus, syndicats et associations. Sachons être contre l’Eglise catholique et le christianisme en général, mais soyons également opposés à toutes les croyances et religiosités avec ou sans Dieu. Attaquons l’islam, malgré la difficulté de lutter dans les pays occidentaux contre la religion des opprimés parmi les exploités. Critiquons le judaïsme malgré la difficulté de ne pas cautionner les ordures antisémites, mais sans ménager une religion aussi tarée que les autres. Rejetons les religions orientales avec leur pseudo aspect de tolérance, ainsi que l’hindouisme, nationaliste ou pas, et le bouddhisme même dans ses versions athées et ses soi disant concomitances avec les libertaires. »