MOI, SHITHEAD – TOUTE UNE VIE DANS LE PUNK

[Punk] Extraits du livre de Joey Shithead Keithley (Rytrut 2011)

MOI SHITHEAD – TOUTE UNE VIE DANS LE PUNK

http://www.la-petroleuse.com/punk-rock/2948-moi-shithead-toute-une-vie-dans-le-punk.htm

Moi, Shithead rapporte les souvenirs de la vie de Joey dans le punk. Les débuts d’une bande de gamins de Vancouver fascinés par ce mouvement en plein essor, à travers une génération désillusionnée par le statu quo : des histoires d’émeutes, de tournées, de concerts, en surmontant toutes sortes d’obstacles avec une pure détermination. Et à travers tout cela, Joey révèle que le slogan de D.O.A. : TALK – ACTION = 0, représente bien plus que de simples mots à ses yeux.

moi_shitheadExtrait (p.52): « A Toronto, je suis devenu adepte du bombage et j’avais toujours avec moi ma très pratique bombe de peinture, prête à l’usage. C’était la seule chose que j’avais trouvé pour faire un peu de pub au groupe. Le pouvoir des graffitis intelligents ne doit pas être sous-estimés. Je ne suis pas certains que les miens entraient dans cette catégorie, mais les graffitis restent néanmoins la voix du peuple. Je peignais le nom du groupe et différents slogans à l’extérieur des clubs, des églises, sur les murs de la ville, partout où je pouvais. C’était amusant de faire de la provocation et de la dégradation en même temps. Une rumeur disant que les flics cherchaient les Skulls commençaient à circuler en ville, mais je suppose qu’ils n’ont jamais pris la peine de mater les affiches dans la rue. Nous n’étions pas si difficiles à trouver. En un sens, Toronto était comme Vancouver: il y avait très peu d’endroits où jouer. »

Extrait (p.71): « En été 1978, peu après la sortie de Disco Sucks, j’ai reçu une lettre de KUSF, une des radios universitaires de San Francisco, m’informant que le titre figurait en première place de leur hit-parade. J’ai immédiatement appelé le Mabuhay Gardens, la mecque du punk rock de San Francisco, pour qu’ils nous programment plusieurs concerts. Je n’avais encore jamais organisé de tournée par la route (à part les virées pour une date à Toronto et en Colombie Britannique) j’ai donc appris en le faisant. Quand j’ai eu Dick Dirksen au téléphone, le gros bonnet du Mabuhay, je lui ai dit que Disco sucks passait sur KUSF. Il était un peu raide au premier abord: « t’es qui d’abord toi? »; mais à ma stupéfaction, il nous programma pour un week-end en août. Notre première tournée était lancée, aussi petite fut-elle. Nous étions très excités. San Francisco avait une importante scène punk. »

Extrait (p.105): « De partout aux Etats-Unis, des protestataires, des punks aux grands mères, étaient venus dans la ville pour assister au festival. Il y en aurait beaucoup d’autres du genre au cours des huit années à venir du règne de Reagan, mais celui ci était le premier d’entre eux. L’après midi a démarré avec beaucoup d’énergie et de discours. Environ deux milles opposants à Reagan agitaient des pancartes, chantaient, et prenaient généralement du bon temps à semer le trouble. Toxic Reasons, un super groupe de Dayton, Ohio, venait de terminer leur set très stimulant quand on a remarqué une foule de gens se frayant un chemin à travers Clark Park. Pendant que nous étions sur scène, on pouvait voir que ce n’était pas d’autres anti-Reagan, comme ceux pour qui on jouait. C’était un groupe de pro-Reagan brandissant des pancartes faisant l’éloge du grand « dé-émancipateur » et agitant des drapeaux américains. Au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient, il commençaient à y avoir des échauffourées. On aurait dit que le chaos total était sur le point d’éclater. Nous continuions de jouer pendant qu’un escadron de fourgons de police arrivait par les rues autour du parc. La police avec des boucliers et des matraques anti-émeutes forma un cordon pour séparer les deux groupes. Les pancartes s’agitaient au-dessus du cordon de police, et il commençait à y avoir des échanges de coups de poings et de coups de rangers. J’ai regardé les autres du groupe et leur ai dit: » Hé! Il est temps de jouer Fucked Up Ronnie. » Et on a envoyé la chanson. Quel tableau! »

Extrait (p.137):  » Nous avons tous éclaté de rire et Biscuits est sorti de la pièce en claquant la porte. Il a quitté D.O.A sur le champ. Pendant un moment, on s’est dit que c’était un trou du cul, mais en fait, il a participé à la création de beaucoup de bons disques de D.O.A et j’ai toujours souhaité le meilleur pour lui dans la vie. Nous n’avons pas mis longtemps pour trouver un remplaçant; Dimwit se proposa tout de suite. Ca ne fut pas compliqué. Maintenant il nous fallait de nouveau un bassiste. Après avoir considéré tous les candidats disponibles dans les environs de la ville, nous avons décidé de demander à notre vieil ami Wimpy. Il avait chanté avec les Subhumans qui, le bruit courait, étaient sur le point de splitter. Il a hésité puis Lester l’a convaincu de se joindre à nous. Donc voilà où nous en étions, les trois quarts des Skulls se retrouvaient à nouveau ensemble. Environ une semaine après que Biscuits ait quitté DOA, Black Flag se ramenait en ville. »

Extrait (p.189):  » J’habitais au Fort Gore (même si Dave me vira plus tard car j’étais trop bruyant et insupportable après les concerts) et Dimwit nous rejoignit là. On se retrouvait au Fort pour répéter mais en fait nous faisions tout autre chose! On jouait au hockey de l’autre côté de la rue, sur le parking d’un supermarché. Ainsi qu’au football ou au baseball au bout du viaduc Georgia, avant qu’il ne devienne un repaire de junkies, plein de seringues. On jouait au hockey sur table dans la cuisine du Fort Gore et nous jetions les palets comme des brutes pour voir qui faisait la plus belle entaille dans le bois de la porte d’entrée. Dave possédait un canoë, suspendu au plafond de la cuisine, et on le prenait parfois pour aller au lac Sasamat. C’était vraiment comme notre propre MJC. Puis on s’est s’est finalement mis à répéter et à travailler sur de nouvelles compos. »

Extrait (p.236): « A Dallas, nous avons garé l’autocar devant la Theatre Gallery pour piquer un petit roupillon avant le concert. Soudain, une bande d’abrutis racistes se pointèrent et commencèrent à prêcher leur version du manuel d’Hitler au public en attente; racontant que les immigrés prenaient leurs boulots et étaient en train de détruire le mode de vie américain. Plus tard durant le concert, les mêmes ploucs racistes fanfaronnaient sur la piste de danse, donnant des coups de poings aux gens et se comportant généralement comme des pauvres types. J’ai décidé de leur dédier Fuck You. Le public s’arrêta complètement de danser. Tout en chantant, je me suis assuré qu’ils comprenaient que chaque « fuck you » prononcé leur était adressé. Le plus grand type, leur chef, s’avança vers la scène, suivi de ses sous fifres. Il saisit mon micro et tenta de me l’envoyer dans les dents. Au même moment, je balançais ma vieille guitare SG de 1972 et atteignit le connard sur le côté de la tête. Ce qui cassa le manche de la gratte. »