L’ART DE JOE COLEMAN: FREAKS, OUTSIDERS, SERIAL KILLERS

the_book_of_joeDans la famille Beautiful Freaks, je demande Joe Coleman…
Né en 1955, le petit Joe dont le papa est un alcoolo fini, est placé dans une école pour enfants retardés et commence très vite à dessiner des saints tout ensanglantés et brûlés vifs…youpi ! A l’âge de 10 ans il reçoit un prix pour le dessin d’un tas d’ordure et fini par bouter le feu à son école catholique…re-youpi ! Je ne vais pas vous taper sa bio dans le détail mais ça pose les débuts de notre bonhomme. Cet artiste bien déjanté est surtout connu pour ses peintures (dans la ligne directe de l’art brut et de l’outsider art), même s’il a aussi donné dans la performance live (et pas moins barrées), la bd et le cinéma (de transgression of course).

Ces tableaux à l’acrylique, magnifiquement travaillés et colorés, peuplés de freaks, d’anti-héros, de tueurs en série, de gangsters, de barges et d’outsiders en tout genre, dépeignent la face obscure de l’histoire et de la culture américaine. Ses œuvres qui explorent la violence, la démence, la mort, la schizophrénie, la décadence, la souffrance, la maladie, et plus généralement les pires aspects de l’humanité (de l’individu et de la société), peuvent scandaliser le bien-pensant et provoquer l’âme sensible. Sure qu’il y a un côté qui met mal à l’aise à y regarder de près. Mais les mises en scène de ce ramassis de parias et de barjots que Joe Coleman réalise avec son doigté d’orfèvre (outre l’aspect technique et esthétique qui me cause vraiment) ont plutôt tendance à fasciner mezig.
Plus que des portraits, ces toiles racontent dans une foultitude de détails l’histoire de personnages à travers des récits et saynètes chaotiques entourant l’objet principal. Son style halluciné pourrait se rapprocher d’un mix de Jérôme Bosch, d’Horror-comics fifties et d’enluminures moyen-âgeuses. Le détail obsède Coleman. Chaque sujet abordé lui nécessite un grand travail de recherche biographique, glanant toujours plus d’informations pour remplir frénétiquement chaque espace de la toile à l’aide d’un pinceau à un poil et de lunettes grossissantes.

Le fabuleux The Book of Joe édité par Last Gasp, tout en couleur et cartonné, reproduit des dizaines de toiles de Joe Coleman. Cette rétrospective reproduit aussi certaines toiles en gros plans permettant d’apprécier les minuscules détails et récits des œuvres (allant même à expliquer point par point le sens de chacun d’entre eux). L’évolution d’un de ses tableaux en plusieurs clichés pris sur cinq mois de boulot est également passionnant pour comprendre sa technique de travail. Des dizaines d’autres photos et textes, dont ceux d’Asia Argento ou de Jack Sargeant (auteur entre autre du livre DeathStripping The Cinema of Transgression) sur l’artiste et son univers viennent compléter le tableau.