DU CINEMA PLEIN LES YEUX: LES AFFICHES D’ANDRÉ AZAÏS

[Cinéma Affiches] Extraits du livre sur André Azaïs (Toulouse 2013)

DU CINEMA PLEIN LES YEUX: AFFICHES DE FACADE PEINTES PAR ANDRE AZAÏS (La Cinémathèque de Toulouse 2013)

Extraits: « Relevant à la fois de la publicité et de l’imagerie populaire, ce type de productions était largement répandu dans les grandes villes, en France et ailleurs, jusqu’à la fin des années 70. Les salles de cinéma, qui étaient alors « mono-écrans », consacraient en effet leur façade à la promotion de ce qui était en général l’unique film programmé. et leurs directeurs bénéficiaient d’une certaine autonomie dans l’organisation et la fabrication de leurs différents supports de publicité. Ils recevaient, pour chaque film, un « manuel d’exploitation », parfois également nommé « manuel de publicité », qui leur était adressé par le distributeur, et dans lequel on trouvait toutes les informations nécessaires pour concevoir un matériel promotionnel adapté et développer des campagnes de communication ciblées. Suivant le budget du film, les attentes de la production, les prévisions du distributeur, l’exploitant pouvait ainsi disposer du synopsis, d’extraits de critiques, de jeux de photos, d’affiches en plusieurs dimensions, d’encadrés prêts à être publiés dans la presse, de différents slogans, du pressbook. »

Extrait: « La méthode de travail d’André Azaïs démarre avec les visuels en sa possession. Il les structures, les assemble ou les décompose à l’aide d’une chambre clair. Ce petit instrument d’optique permet de superposer, en visant dans un prisme, l’image du sujet que l’on désire dessiner et la feuille de papier à dessin. Pour reproduire fidèlement le sujet à petite échelle, il suffit de suivre son image virtuelle avec la pointe d’un crayon. Azaïs compose ainsi une sorte de maquette sommaire réduite, reproduisant ici un visage, là un titre ou une scène. Astucieusement, il glisse alors cette ébauche dans une lanterne magique – projetant sur le mur la reproduction agrandie. (…) Il reproduit alors rapidement au fusain les contours principaux délimitant les éléments de sa composition. Cela dans un ordre précis, le visage d’abord, puis à main levée le tracé du lettrage. »

Extrait: « Si André Azaïs s’inspire du matériel publicitaire du film pour concevoir sa toile, il se sert souvent directement de l’affiche originale pour en découper des parties qu’il intègre, en les collant, dans ses compositions. Cela peut concerner des détails comme des scènes entières. Dans ses oeuvres les moins élaborées, Azaïs choisit de découper et de coller le sujet principal: ce collage constitue ainsi la totalité des éléments figuratifs de l’affiche. Le travail du peintre consiste alors à créer un fond plus ou moins coloré et à travailler le titre et le générique, qui occupent la plus grande partie du panneau. Le titre devient ainsi l’objet graphique le plus intéressant et constitue à lui seul une image porteuse de sens. (…) Mais le talent d’André Azaïs est incontestable dans sa maitrise à intégrer un collage dans une composition dessinée. Il devient parfoisdifficile de distinguer les parties peintes des parties collées. »

Extrait: « L’affiche est un condensé d’une oeuvre cinématographique: en une seule image, elle doit concentrer un univers, une histoire, des dynamiques qui attirent le spectateur et le poussent à découvrir l’intégralité du film. Elle traduit les codes d’un genre cinématographique sous forme de composition graphique. (…) Le film d’action, le film d’aventure, le film de guerre ou même le côté burlesque d’une comédie, sont tout de suite reconnaissables à l’affiche grâce à des compositions qui privilégient l’action aux portraits: une scène, un coup de feu, un moment de suspense… »