MANIFESTE DES CHÔMEURS HEUREUX

[Critique Sociale] Extraits du livre des Chômeurs Heureux (Libertalia 2013)

MANIFESTE DES CHÔMEURS HEUREUX

manifeste_des_chomeurs_heu2Extrait: « Il se dit par exemple que le totalitarisme, c’est vouloir faire le bonheur des gens contre leur gré. A ce sujet, les travailleurs et demandeurs d’emplois malheureux n’ont pas de soucis à se faire: les Chômeurs heureux n’ont pas l’intention de leur imposer quelque forme de bonheur que ce soit. Il est certain que le bonheur est un argument de vente typique pour toutes sortes de charlantans qui cherchent à fourguer leur remède miracle. »

Extrait: « Jadis, il fallait des travailleurs parce qu’il y avait du travail, aujourd’hui, il faut du travail parce qu’il y a des travailleurs, et nul ne sait qu’en faire, parce que les machines travaillent plus vite, mieux et pour moins cher. L’automatisation avait toujours été un rêve de l’humanité. (…) Aujourd’hui le rêve s’est réalisé, mais en cauchemar pour tous, parce que les relations sociales n’ont pas évolué aussi vite que la technique. (…) De plus, là où du travail « humain » est encore indispensable, on le délocalise vers les pays aux bas salaires ou on importe des immigrés sous-payés pour le faire, dans une spirale descendante que seul le rétablissement de l’esclavage pourrait arrêter. (…) Officiellement, c’est toujours « la lutte contre le chômage », en fait contre les chômeurs. On trafique les statistiques, on « occupe » les chômeurs au sens militaire du mot, on multiplie les contrôles tracassiers. Malgré tout, comme de telles mesures ne peuvent suffire, on rajoute une louche de morale, en affirmant que les chômeurs seraient responsables de leur sort, en exigeant des preuves de « recherche active d’emploi ».

Extrait: « Mais ce sentiment d’être utile à la communauté a disparu de 95% des jobs. Le secteur des « services » n’emploie que des domestiques et des appendices d’ordinateurs qui n’ont aucune raison d’être fiers. Du vigile au technicien des systèmes d’alarme, une foule de chiens de garde ne sont payés que pour surveiller que l’ont paye ce qui sans eux pourrait être gratuit. Et même un médecin n’est plus en vérité qu’un représentant de commerce des trusts pharmaceutiques. Qui peut encore se dire utile aux autres? La question n’est plus: « A quoi ça sert? » mais: « Combien ça rapporte? »

Extrait: « Notre première proposition est immédiatement applicable: suppression de toutes les mesures de contrôle contre les chômeurs, fermeture de toutes les agences et officines de flicage, manipulation statistique et propagande (ce serait notre contribution aux restrictions budgétaires en cours) et versement automatique et inconditionnel des allocations augmentées des sommes ainsi épargnées. »

Extrait: « Pourtant, nous ne faisons pas nôtre la revendication d’un droit à la paresse. La paresse n’est que le contraire de l’assiduité. Là où le travail n’est pas reconnu, la paresse ne peut l’être non plus. Pas de vice sans vertu (et vice versa). (…) Que ceci soit clair: le Chômeur heureux ne soutient pas les partisans du partage du temps de travail, pour lesquels tout serait pour le mieux si chacun travaillait, mais cinq, trois ou même deux heures par jour. Qu’est ce que c’est que ce saucisonnage? Est ce que je regarde le temps que je mets à préparer un repas pour mes amis? Est ce que je limite le temps que je passe à écrire ce putain de texte? Est ce que l’on compte quand on aime? »