Livre NATURE, SOCIETES HUMAINES, LANGAGES

NATURE, SOCIÉTÉS HUMAINES, LANGAGES

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John Clark - Joël Kovel

[Ecologie - Critique - Humains et nature]

Si le sacrifice d’une forêt aidait à sauver un seul être humain, il n’y aurait pas à hésiter. C’est ce qu’on croyait jusqu’au milieu du siècle, jusqu’à ce qu’on se rende compte que pour arracher la forêt il fallait sacrifier des hommes au profit de quelques uns, que ces forêts étaient habitées par des humains qui vivaient d’elle et avec elles et que ces forêts n’étaient pas constituées de choses inertes, mais que s’y manifestait aussi une vie dont nous participons.

Jusque là, l’idée que la terre était à posséder n’était pas remise en question. Certains estimaient seulement que cette possession était répartie de façon illégitime et qu’elle devait être redistribuée à ceux qui la travaillaient, au lieu d’être l’apanage de propriétaires dont le seul but était de tirer le plus grand profit à la fois de cette terre et des paysans. Mais il s’agissait toujours d’une chose inerte, à modeler selon les nécessités immédiates.
Le capitalisme s’est installé sur ce présupposé : la nature était radicalement autre, à la disposition des hommes à qui il revenait d’en tirer le maximum de profits. Mais à considérer la terre, la vie non humaine comme autre, on en venait inéluctablement à considérer que l’autre, en tant que tel, n’était qu’une source éventuelle de profit. L’autre, c’est aussi celui qui n’adhère pas aux valeurs dominantes, l’étranger par exemple, ou le prolétaire. Si le but est le profit, tout est bon qui vise à celui-ci. Si le moyen est la domination, l’exploitation, pourquoi celle-ci ne s’exercerait-elle pas aussi sur des êtres humains qui, de toutes façons sont aussi autres. Si le but de l’histoire est l’accroissement de la somme des richesses, peu importe si, en chemin, quelques générations d’esclaves tombent.
Sur la question des rapports entre humains et nature, malgré quelques nuances que met en évidence John Clark, le marxisme a repris en gros cette idéologie. La nature peut bien être quelque chose de virtuellement agréable, elle l’est pour l’homme ; elle est à sa disposition, et le seul progrès possible consiste à rendre plus juste cette exploitation. C’était " l’air de l’époque ". Les anarchistes ne sont pas indifférents à cet air, et il était donc inévitable qu’ils y adhèrent, avec cependant quelques nuances significatives qu’on peut relever en particulier chez Élysée Reclus.

Atelier de Création Libertaire (1999) 42 p. 14 x 21 cm

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