

Jacques Perdu
[Révolutions - Russie - 20e siècle]
Ouvrage d'histoire politique et texte de combat, cet essai, inspiré par la pensée de Boris Souvarine, peut être compris comme une "critique de la révolution politique". Il s'agit de comprendre, en 1940, comment la révolution a été détournée ; comment s'est constituée en URSS une caste dirigeante, ruinant les bases économiques et sociales nécessaires à l'accomplissement du projet révolutionnaire. Jean Jacques Soudeille (alias Jacques Perdu) (1899-1951) fut membre du PCF (contre la bolchevisation du parti il en fut exclu dès 1925 - sans pour autant être trotskiste) et créateur du mouvement de résistance Franc Tireur.
Extrait : “Comme tous les fanatismes, le bolchévisme a cultivé la volupté de l’obéissance passive et spéculé sur la paresse intellectuelle du plus grand nombre. Comme tous les fanatiques, le bolchévik croyait servir un idéal auquel il convenait de sacrifier beaucoup, à commencer de préférence par les individus autres que lui. Par une pente naturelle, tout ce qui semblait contraire à cet idéal, à cet absolu était mauvais. Tout ce qui n’était pas pour, sans restriction, était contre. Tout ce qui gênait dans quelque mesure que ce soit, était à abattre. Pour l’adepte du bolchévisme, comme pour le fanatique religieux, le monde n’a que deux aspects : ce qui sert sa foi, ce qui lui fait obstacle. Il était donc impossible au bolchévisme de tolérer l’expression d’une opinion, si elle n’était pas pleinement approbative, impossible aussi de traiter avec respect un individu exprimant des idées différentes. La foi du bolchévik étant la seule vraie, il avait le devoir d’en assurer le triomphe. Par quel moyen ? Par tous les moyens.”
Sulliver (1997) 232 p. 13 x 20 cm