JOURNAL D'UN INSURGÉ
Khelifa Benamara
[Fiction - Littérature - Algérie]
Trente ans après l’Indépendance, le peuple algérien suffoquait sous une chape de plomb couleur kaki. Dans Journal d’un insurgé, Khelifa Benamara évoque cette période tourmentée. Deux hommes, amis d’enfance, Khaled et Khatir, émergent du lot. Ils rêvent, chacun à leur manière, d’un avenir meilleur pour l’Algérie. Khaled est un fonctionnaire tiède et pleutre occupé à traquer les produits avariés. Khatir, « libertaire déboussolé », milite activement dans l’opposition. Il passera dans la clandestinité après l’annulation des élections. Devenu « terroriste », il sera assassiné par l’armée. Le jour de l’enterrement de Khatir, Khaled reçoit par la poste le journal de son ami insurgé. Une liasse de feuilles manuscrites où Khatir revient sur ses douloureux choix militants pour lutter contre la lèpre kaki. Ultime témoignage d’amitié, ce courrier compromettant va mettre Khaled en danger.
"C’était donc là une lettre de Khatir reçue le jour même où il allait être enterré. Le cachet apposé indiquait que la lettre avait été enregistrée une semaine auparavant, quelques jours avant la capture de Khatir. J’essayai maladroitement de déchirer un coin de l’enveloppe mais n’y parvins pas à cause du scotch qui ne voulut pas céder. Je m’emparai du coupe papier et éventrai nerveusement l’enveloppe. Une autre enveloppe apparut, plus petite, placée à l’intérieur d’une feuille de papier à lettre ordinaire pliée en deux. Sans m’attarder à lire le contenu de la lettre qui commençait par une date et un « Cher Khaled » conventionnels, je me saisis de nouveau du coupe-papier et, fébrilement, déchirai la seconde enveloppe d’où s’échappa une liasse de feuillets retenus au coin par une agrafe. Sur la première page, je lus, en haut, sur une seule ligne, le nom de mon ami puis, au milieu, sur trois lignes et en gros caractères : Journal d’un Insurgé."
Atelier de Création Libertaire (2005) 192 p. 14 x 21 cm